L’Égypte

Asmae Association Soeur Emmanuelle France

Ce projet, porté par nos collègues français, a démarré en 2022. Il part d’un constat simple. Malgré la ratification de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant par l’Égypte en 1990, les droits des enfants égyptiens ne sont pas respectés. De plus, les enfants sont considérés comme des sujets passifs et non comme des détenteurs de droits actifs. 

Le droit à la protection des enfants est le droit qui est le moins bien respecté et appliqué, alors que les enfants représentent 40% de la population totale. 84% des enfants âgés de 2 à 14 ans sont victimes de violences physiques et/ou psychologiques dans les gouvernorats du Caire, d’Alexandrie et d’Assouan. La violence physique au sein des écoles est un phénomène très répandu, malgré son interdiction formelle. Une étude de 2018 a montré que 96% des enfants inscrits à l’école publique étaient victimes de châtiments corporels de la part des professeurs. 

Les mutilations génitales féminines, les mariages et grossesses précoces existent toujours. 92% des femmes mariées âgées de 15 à 49 ans ont subi les mutilations génitales féminines, qui peuvent causer de graves problèmes de santé.

« Un environnement plus sûr pour les enfants du Caire » améliorera les services de protection de l’enfance pour les enfants marginalisés par l’atteinte des trois objectifs spécifiques :

1. Renforcer les droits de l’enfant dans ces trois quartiers précaires en plaçant les enfants bénéficiaires comme acteurs et actrices de changement pour leur protection ;

2. Établir et renforcer les mécanismes de protection dans ces trois quartiers précaires ;

3. Renforcer les capacités techniques, organisationnelles et institutionnelles des deux partenaires locaux en termes de protection de l’enfance.

Ce programme est mis en oeuvre dans trois bidonvilles cairotes :

• Le bidonville de Manshiert Nasr: Entre 800 000 et 1 million de personnes vivent dans ce quartier du Caire. La majorité des habitants viennent de Haute Egypte et travaillent comme éboueurs informels, qui collectent les déchets des habitants du Caire dans un service de porte à porte.
• Le bidonville d’Ezbet Al Nakhl Ezbet Al Nakhl est un des quartiers du Caire les plus densément peuplés, et a une population d’environ 730 000 habitants. Deux gouvernorats sont responsables de la gestion de ce quartier, les services publics comme l’éducation et la santé ne sont donc pas fiables. Ezbet Al Nakhl ne compte que trois écoles publiques élémentaires, les classes ont un effectif de 60 élèves en moyenne.
• Le bidonville d’El Marg: El Marg compte plus de 500 000 habitants d’après le recensement de 2006 pour une superficie de 16,94km². Sa densité de population est donc fortement élevée.

Une évaluation communautaire rapide a été menée afin de récolter des données sur la situation des enfants vivant dans les trois quartiers d’intervention. Les principales conclusions de cette évaluation sont que les violences basées sur le genre et les violences à l’encontre des enfants sont largement normalisées dans les quartiers d’intervention. Ces violences sont commises par le corps enseignant et par les parents. La première violence vécue par les enfants est la violence physique, suivie du harcèlement à l’encontre des enfants en situation de handicap. 

La population des zones d’intervention se trouve confrontée à un grave manque d’écoles publiques, et la qualité de l’éducation dispensée est très faible. En outre, les femmes vivant dans les bidonvilles sont confrontées à des discriminations sexistes, elles sont généralement cantonnées àleur rôle d’épouse et mère et sont souvent très éloignées de l’emploi.

Nous nous appuyions sur deux partenaires locaux, Egyptian Association for Comprehensive Development (EACD) et l’association Life Vision for Development (LVFD) pour l’aide apportée aux communatés.
Les activités « Renforcer les capacités techniques, organisationnelles et institutionnelles des deux partenaires locaux en termes de protection de l’enfance » ont été conduites en priorité.

Deux évènements communautaires ont été organisés pour célébrer la journée internationale des droits de l’enfant. 270 enfants ont participé à ces deux campagnes de sensibilisation. Lors de notre visite en octobre 2022, nous avons pu constater le travail mené par les équipes locales, et les problématiques que vivent ces enfants quotidiennement. De nombreuses dames travaillant dans ce cadre sont elles-mêmes originaires de ces quartiers. Elles servent donc non seulement d’exemple aux autres, mais aussi de moteur pour améliorer la situation de l’ensemble de la communauté.